Bonsoir les filles,
Jeudi, ce fut un peu un fiasco. Au lieu d'une régression que j'appelai, ce fut une vague -mais efficace- séance de relaxation.
Mais qu'à cela ne tienne, le lendemain matin, j'avais contacté une victimologue. Et le rendez-vous était par miracle fixé à la fin d'après-midi même.
Beaucoup plus calme, grâce à l'hypnothérapeute, j'ai énoncé mes certitudes, et la conscience que le réflexe de déni me submergeait parfois...
Elle a très (très) vite compris que c'était du sérieux...
Les filles... C'est immonde...
On a seulement reconnecté divers symptômes, dans lesquels j'ai baigné si longtemps que je n'arrivais pas à les détecter...
Elle a semblé assez assurée : mes parents sont au courant, mes 3 soeurs l'ont probablement subi (ou en ont été au moins témoin), ma mère l'a peut-être elle-même subi, le passif de mon père pose question, et le silence absolu a été maintenu sur tout ça...
Absolu...
Je me rends compte aujourd'hui que je ne suis peut-être pas "la bizarre", celle qui a toujours réagi le plus violemment à la contrainte, celle qui a longtemps eu une honte brutale de son corps qui changeait, celle qui a foutu le bordel par son comportement rebelle, réfractaire, irréductible, agressif, sauvage... Et qui a fait exploser ce "cocon/bunker" familial qu'ils avaient si furieusement tissé...
Je suis peut-être pas "la bizarre" de la famille. Je ne suis pas celle qui a "toujours vécu les choses à l'extrême" soit la joie soit le désespoir.
J'ai été violée...
Et j'm'en souviens pas. Mais mon corps lui, il sait bien.
Mes terreurs, ma réticence, j'ai même eu, une fois, la sensation qu'à la pénétration, des litres de sang me pissaient entre les cuisses... Les hurlements, "c'est coincé c'est coincé", les convulsions, l'horreur sans nom de mon corps qui veut expulser ce TRUC énorme bloqué dans le bassin...
arg
Beurk...
Et ben voilà ! une famille normale hein ! Parents ingénieurs, grosse baraque, 4 filles brillantes à l'école : mentions TB pour tout le monde, une école de commerce, une ingénieure, une Science Po ; et moi, qui a 18 ans me casse avec mon sac et ma guitare faire la manche dans les rues bretonnes au milieu des keupons alcooliques et camés... Puis un gosse à 21 ans avec un mec génial, intelligent mais absolument pas intellectuel, et des blocages affectifs plus gros que lui, et avec qui ça n'a pas tenu... Et puis et puis et puis...
Et puis j'suis pas BIZARRE !
Pu...naise !
Et j'm'en sors bien !!! Y'a des gosses qui finissent à l'ITEP pour un même vécu !!
Moi j'lis, j'écris, je chante, je peins, j'aime mon fils, mes chiens, mes chevaux, je me bats pour la paix au dedans de moi et j'ai LE COURAGE de mener cette sale investigation TOUTE SEULE parce que TOUT LE MONDE est noyé dans cette atroce loi du silence... Même ceux qui sont pas au courant sentent la peur, la peur de dire quelque chose de travers... La peur d'on ne sait pas quoi mais elle est si épaisse qu'elle est palpable...
Et moi j'suis toute seule là.
Exilée, méprisée, rejetée, ça fait un bail que j'suis le mouton noir ! Toute ma vie en fait ! Et j'reviens, avec juste l'envie de renouer avec mon passé, mon enfance, faire la paix, et j'me prends des vagues, des crises, de plus en plus proches, avec la terreur, la douleur, et aucun autre souvenir, juste des vagues d'émotions violentes et immondes.
Et pour finir. Une ébauche, une esquisse de l'ignoble tableau de ma famille. Le truc inimaginable, inenvisageable.
Peut-être qu'on y est toutes passées. En tous cas, moi oui. Et mes parents savent. Et ils ont étouffé l'affaire. Et je comprends pas. J'imagine des tabous intérieurs monumentaux, qu'ils n'ont jamais eu la force de démolir. J'imagine une espèce d'agonie, de haine de soi et de dégoût de n'avoir rien fait. Rien...
Et puis après...
Après plus rien.
Le rejet chronique de ma personnalité, malgré tout. Et ma PU*** de solitude... Et puis... ARG
Les filles...
Demain soir, si j'ai pas flanché d'ici là, je vais parler à mes parents.
Deux soeurs ne veulent pas savoir. Ma soeur aînée m'a écoutée, mais ne veut pas croire, refuse, alors qu'elle a déjà admis...
Et demain soir...
Demain soir...
Si vous saviez combien j'ai peur...
PS : je me relis pas avant de poster, j'ai gerbé un truc là, je veux pas le relire... Navrée pour l'odeur...