Déceler les violences sexuelles faites aux enfants au travers de leur comportement
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Evelyne Josse, 2011Nous allons nous intéresser aux réactions émotionnelles et comportementales
possiblement manifestées par les jeunes victimes.
Des signes de souffrance Dans le décours d’une agression sexuelle, près de 60% des enfants manifestent des signes de souffrance.
L’expression de leur tourment couvre un large éventail de réactions
qui s’étendent de troubles discrets à des symptômes intenses. Elle prend
des formes diverses selon l’âge de la jeune victime, sa personnalité et
ses antécédents, la durée et la fréquence des agressions ainsi que
l’identité de l’agresseur et la proximité relationnelle qu’il entretient
avec la victime.
Quel que soit son âge, un changement massif du comportement de
l’enfant doit inciter d’emblée à envisager l’éventualité d’un
traumatisme. L’apparition subite de peurs incontrôlables, de pleurs,
d’une tristesse, d’une énurésie, d’une encoprésie, des désordres de
l’appétit, de troubles du sommeil ainsi que le désinvestissement
d’activités ludiques et de la scolarité sont des signes d’alerte.
Soulignons que ces réactions ne sont pas spécifiques des agressions
sexuelles et peuvent être manifestées suite à d’autres événements
potentiellement perturbants tels que la maltraitance physique ou morale,
la négligence grave, un deuil, une séparation familiale, etc. De plus,
certains enfants présentent des réactions que l’on peut juger
préoccupantes alors qu’ils n’ont pas subi de maltraitance ou d’abus.
Un traumatisme silencieux Plus de 30% des jeunes victimes ne manifestent pas de réactions
préoccupantes au moment des faits. Même si leur douleur n’est pas
apparente, certains souffrent néanmoins de troubles affectifs profonds
et verront leur état psychique se dégrader après un temps de latence de
plusieurs mois, voire de plusieurs années. En effet, le traumatisme
sexuel peut avoir des effets dormants et surgir soudainement, notamment à
la faveur d’événements personnels ou familiaux : premiers émois
amoureux, premières relations sexuelles, mariage, naissance, reportage
télévisé, rêve, querelle et séparation familiale, etc.
Une absence de traumatisme ? Les très jeunes enfants ne sont pas en mesure de percevoir la gravité
d’un événement, d’apprécier ses enjeux ou d’en prévoir les
conséquences. De ce fait, certains ne manifestent aucune réaction et ne
semblent pas éprouver d’émotion particulière. A la recherche d’amour,
d’affection ou d’attention, animé par la curiosité, ils peuvent accepter
l’activité sexuelle avec l’adulte abuseur afin d’obtenir des
gratifications affectives. Parfois même, ils recherchent activement ce
contact, voire en tirent un certain plaisir (1). Il n’en reste pas moins
qu’en grandissant, certains développeront des séquelles traumatiques et
souffriront à long terme, de façon plus ou moins intense, de symptômes
invalidant leur quotidien et leur développement personnel.
Dans le prochain article, nous nous intéresserons aux réactions
émotionnelles et comportementales plus spécifiquement évocatrices d’une
agression à caractère sexuel.
(1) Rappelons que la responsabilité de l’activité sexuelle avec
l’enfant doit toujours être attribuée à l’adulte, peu importe qui a
initié la rencontre et qui en retire satisfaction. En effet, c’est à
lui, et non à l’enfant, de discriminer ce qui constitue une
transgression aux normes sociales ou morales et de poser les interdits.
Source:
http://www.resilience-psy.com/spip.php?article193#.TreQyL8Pvyo.facebook[/size]