Souffrance

Je me sens mal, je suis comme prise dans un gouffre sans fin, je tombe inévitablement. J'essaie de m'en sortir, je jure que j'essaie, mais ce n'est qu'illusion, supercherie. Je fais semblant d'aller bien, je fais semblant d'être en vie. Mais là je me sens si mal que j'ai l'impression d'être à demi morte. J'ai du mal à voir une autre solution que celle qui vise à mourir complètement. Il y a un truc de sale en moi, quelque chose que je ne peux pas enlever, qui est coincé dans mon corps et dont je ne peux pas me débarrasser. Je n'arrive pas à vivre, et j'en ai marre de faire sembant. Je vois mes amies, je prévois des week-ends en famille, je cherche un travail, je fais du sport... Mais ce n'est qu'une image, au fond je me sens vide. Je n'ai pas d'envie, pas d'avenir. Je suis bouffée par l'angoisse et le doute. Je vois une psychologue depuis plus de 6 mois maintenant mais ça n'avance pas. Je suis trop lâche, j'en parle pas, j'ai trop honte. Et même si j'en parlais, ça reviendra toujours, ça ne me laissera jamais en paix. Je suis fatiguée, je suis à bout et j'ai l'impression que personne ne peut comprendre l'ampleur de ma souffrance, l'étendue du gouffre qui s'est dessiné sous mes pieds.

Bonjour Noname,

Parler de ta souffrance c'est déjà le premier pas.
Ce que tu décris, j'ai l'impression que je l'ai déjà ressenti. Attendre juste que ça passe, sauver les apparences entre temps. Etre marquée par quelque chose de sale, comme tu dis.
Et je suis sûre qu'ici d'autres ont vécu ou vivent ça ici.
Mais mourir n'est pas la seule alternative. Tu peux y arriver, tu peux aller mieux.
Tu dis que tu n'arrives pas à parler de ce qui compte vraiment avec ta psy. Tu n'arrives as à avoir le bon contact avec elle ?

Merci d'avoir partagé tes angoisses ici, c'est un premier pas mine de rien très grand vers le "mieux".
Passe une bonne journée,

Simu

Bonjour Simu,

Je ne m'attendais pas à avoir de réponse, j'avais surtout écrit pour tenter de mettre des mots sur mon mal être... Merci de ta réponse.

Je pense qu'il y a un bon contact avec ma psy, je l'aime bien, je sens qu'elle partage avec moi un bon nombre de valeurs et je sais qu'elle ne me juge pas. Pourtant à chaque fois c'est la même chose, je reste en surface. Je lui montre que je sais ce qui ne va pas et je lui fais part de mes réflexions introspectives. On parle de ce que je fais pour avancer dans ma vie. Elle m'encourage, me dit que c'est bien. Bien sûr que c'est bien, mais ça ne m'apporte rien, je suis vide. Rien n'a d'importance, j'avance pour prouver que j'ai encore des ressources, que je ne suis pas faible. Mais c'est un mensonge, je suis faible, je ne sais pas quoi faire de ma vie, mon corps ne m'appartient pas, je suis incapable d'aucune prise de décision, ma vie n'a pas de sens. J'ai l'impression d'errer au dessus de ma vie, de n'avoir aucune emprise dessus, je ne suis plus actrice de ma vie, seulement spectatrice. Je ne sais pas comment faire pour aller vraiment mieux. Je voudrais retrouver l'envie de faire des choses, je voudrais être capable de savoir qui je veux être, ce que je veux faire de ma vie. Je voudrais arrêter d'avoir peur.

Salut Noname,

Je comprends, mettre les mots à plat sur papier ou écran ne fais jamais le même effet que dans sa tête. J'espère que ça t'as fait te sentir un peu mieux de sortir ça de toi.

Tant mieux si tu as un bon contact, c'est déjà une bonne chose qui n'arrive pas souvent !
Je ne suis pas une experte, et moi-même je me sens exactement comme toi, par période, mais je pense que le fait de ne pas arriver à avancer et le fait de ne pas arriver à en parler sont liés...Tu n'as réussi à en parler avec personne ? Tu sais pourquoi ?

Dans tous les cas, si tu es encore là après ton traumatisme c'est que tu n'es pas faible. Et quoi qu'on t'ai fait, peu importe à quel point on s'est servi de ton corps, il t'appartient. Il est à toi, et rien ni personne ne pourrait prétendre le contraire.
Tu as peur à cause des souvenir, du traumatisme etc ou parce que tu penses être réellement toujours en danger ?

Dans tous les cas je sais que c'est difficile, mais tient bon.

Bonne journée,
Simu

Bonsoir Simu,
Je l'ai déjà dit mais ça ne m'a pas soulagée. Au contraire, je me sens dépassée par l'importance de ces mots qui semblent ne pas me correspondre. Je ne sais pas où est le vrai du faux. Il paraît que j'ai été violée. Moi j'en sais rien. Peut être que je préfère ne pas le savoir. Comme je préfère souvent ignorer toute la souffrance qu'il y a en moi. Et puis parfois j'eclate. J'explose en silence. Devant ma psy je n'y arrive pas, devant personne d'ailleurs. J'ai trop l'habitude de contrôler ce que je dis, et de tout tourner en dérision. J'ai peur de craquer devant quelqu'un. Je crois que j'ai peur de réaliser à quel point c'est grave, à quel point ça m'a détruite. Et puis j'ai trop honte, je peux balancer des mots qui ne veulent rien dire, mais je ne peux pas raconter. Je ne suis même pas sûre que ça soit vrai. Comment on fait pour avancer ? Comment tu vis toi ?

Bonjour,

Je pense que c'est normal de ressentir ça. Commencer en parler, même si c'est juste admettre qu'on ne va pas bien, c'est assez violent.
Tu as des souvenirs effacés ?
Je comprends, quand on est habitué à se forger une attitude et une carapace (de dérision ou autre) c'est dur de s'en défaire.
Personnellement quand j'ai sombré au fond du trou (et je suis pas encore totalement sortie, loin de là), c'est le fait d'avoir réalisé,accepter, et raconté ce qu'il s'était passé qui m'a fait m'écrouler. Mais je pense que si je n'avais pas craqué comme ça, j'aurais continué à être fausse, une autre personne, et je n'aurais jamais réussi à commencé la guérison.
Dans mon cas je me souviens de tout, donc je pense que ça doit être un peu plus facile a aborder que pour toi. Et si je vis, si j'avance, c'est grâce à mes deux meilleurs amis, devant qui j'ai craqué et tout raconté. C'est même eux qui m'ont fait réalisé ce qu'il s'était passé, et ont dit que ce n'était pas normal. Je les connaissais à peine à ce moment mais j'ai craqué comme ça d'un coup et ils m'ont fait parler.

Il n'y a personne à qui tu te sens d'en parler ? De la famille, des amis ? Bien sûr je me doute que c'est très compliqué...

Courage à toi,
Simu

Bonjour Simu,

Je crois que tu as raison, on ne peut commencer à avancer vers la guérison que lorsqu'on a craqué. Je n'arrive pas à craqué... J'ai prononcé plusieurs fois le mot, je l'ai dit à quelques unes de mes amies, je l'ai dit à mes parents, mais à chaque fois je le disais sans émotion, comme si ça ne m'appartenait, je suis détachée. Si bien que je ne mesure pas l'importance de ce que je dis...ou plutôt si, je sais que c'est grave mais je ne le ressens pas, je n'ai pas envie de pleurer, pas envie de crier, rien. Pourtant parfois, comme le soir où j'ai écrit mon premier message sur ce forum, ça me prend comme un coup de poignard, j'éprouve une souffrance insupportable, j'ai l'impression de tout ressentir dans l'excès, je pourrais taper dans les murs, j'ai envie de m'arracher de mon corps.
C'est comme si j'avais deux façons de voir les choses, deux personnalités : celle qui n'en a rien à foutre et celle qui souffre énormément. Je ne sais pas ce que je préfère. Mon indifférence me glace le sang et ma souffrance m'oppresse jusqu'à l'étouffement.
Je pense qu'il faudrait que je craque devant ma psy, mais automatiquement je fais bonne figure, je ne sais pas comment faire pour m'empêcher de tout tourner en dérision, de faire diversion, de minimiser.

Coucou Noname,

Je comprends, il y a aussi des moments où j'en reparle en étant très détachée, je fais des blagues dessus (qui ne font pas rire mes amis ^^), mais ce n'est pas tout le temps.
Je ne sais pas quel conseil te donner, je ne pense pas qu'on puisse te forcer à craquer. Je ne sais pas du tout si ça marche, et je sais que ça dépend en tout cas des personnes, mais tu as déjà envisagé l'hypnose ? Ça peut peut-être te faire passer le cap, et faire remonter les souvenirs.
Effectivement avoir ça enfouit en toi ça a toutes les raisons de faire faire des montagnes russes à ton comportement.
Et ta psy, elle essaie pas de te pousser dans tes retranchements ?

Bonne journée,
Simu